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le blog de GDM
15 septembre 2007

Pascal BELE à l’ultra trail du Mont Blanc

             Bele_enfant    Pascal Bélé, 30 ans, de St-Brice-en-Coglès, fait partie de GDM, depuis 2 ans, et

                                                   il vient d’effectuer brillamment en 36 h (463è) l’ultra trail North face du Mont Blanc,

remporté par l’Italien  Olmo en 21 h., (fin août).

GDM : Pascal, quelle est ta carrière en course à pied ?

Pascal : Jeune, j’ai fait du basket et de la course à pied seulement après l’armée, il y a 7 ans. Mes temps : 38’20 sur 10 km, 1h24’ sur semi, 3h08’ sur marathon. J’ai fait 8 marathons dont 3 fois Le Mont et Paris.

GDM : pourquoi te lancer dans une telle épreuve, aussi difficile, rappelons-le de 163 km avec 8900m de dénivelé, qui en fait le trail le plus dur d'Europe ?

P. : je voulais dépasser le seul marathon, voir autre chose, mais je ne partais pas totalement dans l’inconnu quand même, car les organisateurs vous obligent à avoir fait avant, soit un 80 km, soit un 2 fois 50 km. J’avais donc effectué l’année précédente les Templiers dans l’Aveyron sur 70 km et le trail de Guerlédan sur 50. Aux Templiers, j’ai fini 190è sur 2500 en 8h30 ; j’ai vu que je n’étais pas ridicule, ce qui m’a conforté dans mon choix. Fallait juste choisir la distance : le 86 ou le 163 km.

GDM : tu n’y es pas allé seul ?

P. : j’étais là-bas en famille, avec un autre copain de GDM, Jérôme Guyot qui s’est également aligné mais il a dû abandonner en route. Nous avons été rejoints par Franck Simon de GDM également, qui ne pouvait s’engager que sur le 86, qu’il a d’ailleurs fort bien terminé, bien que blessé (entorse cheville). Nous sommes restés 15 jours en vacances, avant et après la course.

GDM : tu as fait une préparation spécifique ?

P. j’ai fait pas mal de courses sous maillot GDM toute l’année, surtout en veillant à ne pas me blesser, des distances longues et pour les côtes, l’escalade des marches du Mont Saint Michel en slalomant autour des Japonais qui nous prenaient en photo ! Il faut aussi très bien préparer la logistique : chaussures, vêtements de change, alimentation, il ne faut rien laisser au hasard, un peu comme sur marathon mais en pire. C’est sûr que l’expérience joue pour beaucoup.

GDM : comment ça se passe là-bas ?

P. : c’est très bien organisé, tu laisses 2 sacs aux 2 gros ravitaillements avec tous tes changes car en partant à 18h30, tu transpires beaucoup sur les 3 premières heures. Par exemple, tu dois changer 4 fois de paires de chaussettes sur la course. Quand la nuit arrive, nous sommes, ne l’oublions pas, en montagne, le froid te tombe dessus dès que le soleil disparaît derrière les sommets.

GDM : tu avances dans le noir ?

P. : lampe frontale et bâtons, tu suis le mouvement. Les 8 premiers km se font sur le plat et puis tout à coup tu montes, tu descends, plus jamais de plat ni de répit. Je suis parti piano, Sabrina, mon épouse, suivait tout sur internet et on communiquait par sms emoticone_msn_cellulaire_discutecar le téléphone portable est obligatoire. J’avais donc à la fois mon classement sur les 2300 coureurs, et je gérais personnellement non pas au cardio, mais aux calories dépensées. Cette première nuit, j’étais bien malgré le froid qui arrivait, plus haut, on a commencé à voir la neige, là ça fait tout drôle !

GDM : au matin, tu devais en avoir plein les « bottes » ? Bele_anorak

P. : dans le noir, tu ne te poses pas trop de questions, tu maintiens ton rythme, tu montes, tu descends, il y a du monde devant, Bele_lointainderrière, des gens un peu partout sur les sentiers, c’est un peu irréel, mais tu es dans ta course. Tant qu’il n’y a pas de blessure, de difficulté, tu avances, tu marches s’il le faut quand c’est dur. On est sur des sentiers de montagne, faut faire gaffe à tout : aux trous, aux racines, aux gros cailloux. Au lever du jour, là c’est magnifique, t’es déjà content d’être arrivé là et ça fait un peu peur aussi car tu sais qu’arrive la grosse journée et que le plus dur est devant toi.

GDM : 1er ravito ?

P. : au 70è km à Gourmayeur. Là, tout est prévu et bien organisé avec kinés, médecins, podologues. J’ai consulté ce dernier car j’avais un ongle qui avait sauté. J’ai pris mon temps pour bien me changer, trois quarts d’heure environ.

GDM : j’en connais qui auraient eu du mal à repartir !...

P. holà, non, non !! je m’étais forgé un gros mental aux Templiers, et puis j’ai vu que je « marchais » bien. J’avais repris 300 places dans les 6 premières heures et après, j’étais toujours autour de 400-450è, ce qui m’enlevait l’angoisse des 10 barrières de passages horaires sous lesquelles tu n’es pas classé. Sauf blessure ou accident, je tenais la cadence. J’ai peu mangé à Gourmayeur préférant les barres que j’avais emportées. De toute façon, on pouvait compléter aux petits ravitos, très bien pourvus en soupe, fruits secs, etc

GDM : des difficultés dans la journée ?

P. il sagit de tenir son rythme en surveillant les places au sms, voir si, inconsciemment, tu ne fléchis pas, car tu n’es pas comme sur marathon avec du plat et des temps de passage qui font office de points de repère. Tu ne réfléchis pas à ça : tu navigues juste à vue de col en col. Le seul objectif c’est la prochaine côte. Les sms des amis t’encouragent aussi.

GDM : le manque de sommeil ? Bele_gros_plan

P. il a commencé à se faire sentir la 2è nuit. Vers minuit, j’ai eu quelques hallucinations, ce qui m’a fait gamberger un peu, parce que tu te dis « ça y est, il y a quelque chose qui lâche, c’est pas les jambes, mais c’est la tête » . Mais bon, je tenais toujours ma cadence, autour de 400è. Le plus dur ce fut là, entre minuit et 6 h du matin avec quand même ta 2è nuit blanche, mais quelque part aussi, tu sais qu’il ne faut surtout pas s’arrêter si près du but, car là tu t’assoies un quart d’heure et tu ne repars pas…

GDM : quand as-tu senti que tu tenais le bon bout ?

P. à 25 km de l’arrivée, j’ai bien vu qu’a part entorse ou chute, j’allais finir. Là plus rien ne peut t’arrêter. Au dernier ravito, il restait 16 km d’à peu près plat avec des racines, des cailloux, mais tu t’en fous, l’euphorie te gagne, tu fais attention, tant pis s’il faut mettre 5 heures pour finir !!

GDM : tu arrives à quelle heure ?

P. au matin, je suis arrivé à Chamonix,  à 7h12, le jour se levait. Le beau, c’est là, dans les 10 derniers km, des frissons, et une sensation bizarre…flamme_olympique_284

GDM : pas comme un premier marathon ?

P. : rien à voir ! l’intensité de la fatigue physique est déjà d’une autre ampleur, mais c’est surtout au moral que ça se joue, que ça se gagne et que tu finis. Au marathon, même s’il y a une certaine angoisse pour le premier, c’est quand même assez balisé par les allures, les copains qui t’accompagnent, l’expérience. Faut le faire, mais tu es en terrain connu : tes bases sur 10 km ou semi peuvent te laisser entrevoir quelque chose. Là, tu es seul, dans l’inconnu. Tu peux partager quelques petites combines d’équipement, mais guère plus. Pour l’alimentation, la physiologie, c’est chacun qui voit, et puis sur le sentier, derrière, personne ne peut t’aider tant c’est différent pour chacun. De toute façon, c’est un événement inoubliable, il y a du monde dans tous les villages, à toute heure du jour et de la nuit.

GDM : difficile de se donner d’autres objectifs maintenant, après avoir fait une des courses les plus dures d'Europe?

P. étant encore jeune pour les courses de grand fond, je laisse passer l’année qui vient pour profiter aussi des courses locales avec les copains de GDM, mais avec Christophe Lebarbey et Franck Simon, on a le projet d’effectuer dans 2 ans le marathon des Sables. Un beau défi qu’on mènera en commun dans la préparation.IMG_6728

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