Le 17 novembre 2007, l’association GDM fêtera son 10è anniversaire au cours d’une cérémonie qui mobilisera l’Espace le Conquérant de St-James…700 couverts ! Avec son président-fondateur, Pierrick Heurtault, revenons sur l’historique de cette association qui démarra avec 3 passionnés, pour atteindre 10 ans plus tard les 250 adhérents et devenir ainsi la première du canton.
C’est quand même une belle histoire, non ?
P.H. : c’est souvent comme ça, rien de vraiment prévu au départ, la rencontre de passionnés, et aussi je dirais, un “esprit” GDM qu’il fallait absolument maintenir et qui a présidé à tous les bonds successifs de l’association.
Au début, vous êtes…trois ?
Tout à fait, avec Christophe Duhamel, Jean Noël Lefranc on bricolait un peu chacun de notre côté en musculation dans nos caves, et puis on a rencontré Jean François Legros qui, comme kiné, avait aussi des nécessités de matériels en ce domaine. De conseils et d’échanges, et comme il avait un petit local contigu à son cabinet, il nous l’ a proposé. Faut dire que c’était hyper pratique : on pouvait ouvrir aux horaires de son cabinet dans la journée, son secrétariat prenait même les adhésions, et il apportait aussi une caution de sérieux, de pérennité. On a démarré comme ça, sur un petit noyau st-jamais d’une trentaine de membres qui sont d’ailleurs quasiment tous encore là, comme encadrants, ou membres du bureau.
Il y avait déjà une super ambiance ?
On faisait pas de compétition, mais déjà on a fait des coups intéressants de mobilisation interne sur le Telethon, et puis déjà du suivi de certains de nos membres qui, hors GDM vivaient des “aventures sportives” curieuses…
On a déjà vu des marathoniens néophytes se lancer sur le marathon du Mont dès les débuts de cette course…seulement préparés en allant pedibus, porter un cierge à la bonne vierge de Pontmain ?
Pas de noms surtout car nos bons copains depuis se préparent beaucoup mieux ! Mais c’est vrai que ça créait, en dehors de la salle proprement dit une ambiance, une camaraderie, des liens forts.
Pendant ce temps autour de l’an 2000-2002, vous vous développez régulièrement ?
Le concept de la remise en forme, de l’alimentation saine, des loisirs-nature étaient dans l’air du temps. Et vous constaterez d’ailleurs que toutes les salles associatives similaires autour de nous, se sont elles aussi développé de cette manière. On a commençé à un peu déborder du strict environnement st-jamais. On a vu arriver des gens de la Bretagne toute proche, du Coglais, du pays landellais qui touche à St-James, de Ducey aussi. Le cap des 70 licenciés a été atteint quand on a quitté la salle initiale début 2004. Elle était devenue trop petite, il y avait bien un projet d’agrandissement, mais il était difficile aussi d’imposer à jean-François et surtout à ses associés, plus de monde, et tout ce que cela comporte. Mais on sait ce qu’on lui doit, et toute cette fabuleuse ambiance car il nous faisait aussi profiter aussi de sa piscine deux fois par semaine, le mercredi soir et le dimanche matin au retour des coureurs.
Ce déménagement pouvait il mettre en péril l’association ?
On a pu le craindre un moment, car c’était une période-charnière, celle où on sentait que l’affaire gonflait car, la course à pied démarrait elle aussi. Heureusement, la communauté de communes nous a proposé le local actuel et pu constater qu’on savait se bouger car l’espace d’un week-end en janvier 2004 on a tout aménagé et déménagé avec 2 “ingénieurs” aux commandes, et 2 équipes de 30 manoeuvres derrière. Une année plus tard, selon le même principe on doublait encore cette surface !
Là, vous avez pris de l’élan ?
Tout est arrivé ensemble, la mairie nous a proposé la co-organisation des 10 kms et nous on a voulu aussi montrer qu’on jouait le jeu des animations locales. On s’est investis là dedans, mais aussi dans la fête du sport pour tous, le forum des associations, le trophée des champions, le tournoi de ping pong corpo, bref tout ce qui bougeait au plan sportif et associatif dans St-James.
La course à pied avait démarré quand ?
On l’a vu tout à l’heure, avec quelques isolés qui se sont lançés un peu à l’aventure, puis tout le monde s’est bien rendu compte qu’autour de la salle et dans le contexte de la remise en forme c’était un plus indispensable. Il n’y avait pas d’esprit de compétition au départ, c’était un rendez-vous du dimanche matin pour trottiner et qui s’est un peu étoffé et structuré quand le groupe s’est lancé les premiers défis.
C’est venu quand et comment ?
Au début de l’année 2002 le groupe d’une dizaine s’est agrégé autour de ceux qui avaient déjà fait, mais dans les conditions épiques décrites plus haut déjà 2 marathons du Mont. Rien ne leur faisait peur, alors vous parlez, quand il a été question de s’aligner sur un 10 kms ! En fait c’est en septembre, à la rentrée 2002 que le groupe s’est donné comme objectif les foulées du Roc à Louvigné. C’était pas loin, ca créait aussi une animation à la salle, les gens en parlaient, ça peut faire sourire maintenant avec le recul et qu’on fait plusieurs cars dans l’année, mais il y avait une mobilisation.Ceux qui allaient courir, et ceux qui allaient
faire l’effort d’aller encourager. Au total nous avons aligné 7-8 coureurs et malgré la météo défavorable, trouvé une super ambiance.On s’est retrouvés début 2003 en se disant qu’il fallait relancer autre chose dans le même genre et ce fut le premier semi-marathon Cancale St-Malo.
La fameuse photo des déguisés ?
Là, tout le monde s’y est mis. Louvigné avait lancé, mais un peu entre joggers.Là, on allait à la pointure au-dessus, sur les 6 participants il y avait 4 néophytes sur la distance dont Laure Hézeau. Il fallait aller plus loin, prévoir des ravitailleurs sur le parcours, fabriquer les costumes de tahitiens de de vahinés (la maman de Flo), On s’était donné un objectif, pas plus de 2 h 15…
Il a été tenu !
Le groupe est parti ensemble et arrivé de la même façon en 2 h 03, avec un gros succès à l’arrivée sur le sillon devant le Casino, sous les applaudissements, interviewés par la direction de course, car sur ce semi, il y a assez peu de déguisements.
Vous avez récidivé plus tard !
Les années suivantes on a eu des corsaires, des lolitas, toujours Hervé et Mickaël nos marathoniens du départ, mais le grand départ ensuite de la course à pied est parti de là, au printemps 2003, il y a eu de plus en plus de gens, de tous niveaux à courir à la salle, pendant l’été, et dès septembre la mobilisation a commençé pour, cette fois faire un déplacement “de masse” en fin d’année à Louvigné où on était 33. Tout le monde a couru, même les grands débutants, des vétérans qui mettaient leur premier dossard…
2004 derrière, c’est l’année du déménagement et des premiers 10 kms de St James.
Là, tout s’est accéléré, est tombé en même temps. On a aussi fait fabriquer nos premiers maillots orange, des coupe vent. On était aussi dans une phase de développement euphorique, la mobilisation était totale. Je l’ai dit plus haut on a tout déménagé en 48 heures, et pour les 10 kms c’était pareil, pour préparer les lots la veille on avait 30 personnes ! Il faut aussi comprendre que l’association qui avait passé une difficile période charnière comprenait qu’elle basculait vers autre chose.La nouvelle salle offrait des perspectives de développement qui se sont confirmées aussitôt puisqu’on est passés rapidement de 100 à 200 adhérents. De la même manière, pour faire connaître notre course, tout l’hiver des coureurs avaient été porter des prospectus partout sur Rennes, jusque dans l’ Orne. Chaque week-end il y avait des coureurs partout, et puis déjà certains qui se sont rendus compte qu’ils avaient des possiblités d’aller en compétition. On faisait déjà régulièrement des podiums, les coupes commençaient à arriver sur nos étagères, mais on ne pouvait pas même disputer un championnat départemental. Il fallait franchir le pas de l’entrée FFA.
Il y a eu débat dans le club ?
Pas mal au départ, car il faut revenir aux principes fondateurs de GDM. A la salle par exemple, nous avons tout le matériel pour, mais nous n’avons jamais dérogé à ce principe : pas de compétition en haltérophilie, pas de body-building. Quand nous avions quelqu’un de fort et de motivé, on le dirigeait et on continue encore maintenant à faire de même, vers nos amis du club de la force athlétique d’Avranches qui sont d’ailleurs venus gratuitement en démonstration sur nos premières journées portes ouvertes dans cette période fin 2003. Donc on partait un peu de là, on était des joggers populaires, qui couraient avec un certif médical, ça se passait très bien comme ça, et on aurait pu, comme d’ailleurs plein d’associations voisines continuer ainsi des années. Mais bon, avec l’organisation de nos 10 kms il fallait aussi se rapprocher des instances, et puis on avait aussi des coureurs du cru de bon niveau, habitant ou travaillant à St-James qui étaient intéressés par nos installations, l’ambiance, mais qui avaient aussi besoin d’un cadre FFA pour continuer à faire de la compétition. On s’est donc jetés à l’eau à l’automne 2003. Le président départemental Jean Colette, de Coutances, maintenant président régional s’est même déplacé un soir de décembre. Il a même visité le stade local.Au départ, il nous a conseillés de partir doucement, pas même de créer un club, mais de s’affilier en section à un club voisin…
C’était la solution de la sagesse ?
Nos locaux étant mis à disposition par la Communauté de communes, nous étions partenaires de la municipalité st-jamaise cela aurait été difficilement acceptable par les élus locaux, et je crois aussi que nos athlètes avaient à coeur de porter les couleurs de la cité st-jamaise, on s’est donc assez unanimement décidés à faire les démarches. On a juste attendu septembre 2004, et les débuts de la saison sportive FFA, et ensuite nous avons rempli toujours scrupuleusement toutes nos obligations : comité des courses sur route, différentes assemblées départementales et régionales. Un de nos licenciés (J.Delépine) s’est attelé au diplôme d’entraîneur premier degré, même si nous étions déjà couverts par le deuxième degré de notre entraîneur Rémi Dubois et par celui récemment obtenu par Loïc Lebon quand il était sous son maillot d’international longues distances.
De fait, dans ce laps de temps, vous avez pas mal recruté, et on a pu vous accuser de quasiment décapiter un club breton voisin non ?
Vous l’avez vu dans notre cursus quasiment décrit mois par mois depuis 2002, il y a eu enchaînement de circonstances. Nous n’avions vraiment rien prévu, en un an et demi, d’un petit groupe de 10 joggers on était passés à 30 aux foulées du Roc 2003. Il fallait faire un choix, et c’est sûr que tous les St-Jamais qui couraient ailleurs parce qu’il n’y avait rien sur place allaient se précipiter. Mais nous, on se devait aussi d’avancer. Nous ne sommes en rien “prédateurs” et on ne va chercher personne. Nous ne sommes pas un club d’élites qui vise les gros classements FFA, les titres. S’il en vient, tant mieux, mais on tient vraiment pour l’esprit, à conserver —et c’est aussi ce qui plaît à nos top coureurs—la grosse base de populaires ou de “joggers du dimanche” qui fait aussi notre originalité et un peu notre succès.
Votre originalité ?
Eh bien, le fait d’être un club d’athlétisme qui, au départ est un club de musculation…ce qui surprend toujours un peu parce que, a priori, il n’y a pas grand chose à voir entre soulever de la fonte, et piquer un sprint. Mais justement il existe une parfaite transition entre les deux activités. Les gens viennent pour perdre du poids, prendre du muscle, et comme on a deux gros tapis, commençent à trottiner. C’est bien le diable si au bout de trois mois on ne décèle pas quelques aptitudes à faire, au moins un 5 km populaire comme il y en a une dizaine par an autour. Il faut voir la joie des gens qui se préparent à deux ou trois, s’angoissent pour savoir si oui ou non ils iront au bout quand enfin ils passent pour la première fois une ligne d’arrivée. Ca peut faire sourire des coureurs confirmés, mais c’est toujours et encore une victoire sur soi-même, une aventure vécue et à raconter avec les copains, et toute la petite famille venue applaudir “allez papa” ! Après, l’appétit venant en mangeant, l’entraînement sera plus continu, les objectifs plus forts : on a vu ainsi monter en 3-4 ans des grands débutants sur 5, sur 10, semi, et même marathon. C’est un autre effort, mais toujours le même esprit.
Depuis 2 ans vous faites ainsi un car sur un grand marathon
C’est aussi bien la chance d’être passés FFA et d’avoir un vaste panel de coureurs désormais très confirmés. On peut, sur certaines courses disposer de meneurs d’allures, d’athlètes qui ont une experience énorme, qui ne visent plus forcément des temps-canon, mais qui aident les autres à se dépasser. On a fait deux fois Paris pour l’ampleur de l’événement, il faut imaginer un peloton de 30 000 coureurs, et on fait des cars dès qu’on a une trentaine de coureurs alignés : Morlaix, Bayeux, etc. Et il y a aussi toujours une vingtaine d’accompagnateurs, souvent ces “populaires” occasionnels dont on a parlé plus haut. Désormais ils sont un peu aussi dans le milieu, ils savent ce que courir veut dire, ils ont connu l’ambiance “de l’intérieur” si l’on peut dire.
Quelle est maintenant la part compétition, et loisirs ?
Nous avons 75 licenciés. Sur ce chiffre environ 25-30 s’entraînent très régulièrement deux à trois fois par semaine. Sur le plan purement sportif, c’est simple, nous avons aligné une douzaine de coureurs qui ont franchi les étapes successives départementaux de cross country (Carentan), régionaux (Valognes), interrégionaux (Plouay), et deux sont allés aux championnats de France. Sur route nous avons 10 coureurs susceptibles de franchir les temps qualificatifs au France sur une ou plusieurs des 3 distances 10-semi et marathon. Les populaires sont donc une cinquantaine, sur ce chiffre peut-être une vingtaine de suffisamment assidus pour s’aligner au moins 10 fois dans l’année. Certains, on l’a vu ne courent qu’a proximité : Louvigné, St-James, et Tout Rennes court qui reste une épreuve de masse appréciée notamment pour plonger les néophytes dans l’ambiance “grande course” en nombre (6000 coureurs au bas mot) et pour les animations. On y côtoie aussi des athlètes de haut niveau.
Votre association reste une des plus importantes du canton, comme se répartit son recrutement ?
A la salle sur 200 adhérents, 50 % sont de St-James ou du canton, le reste vient de Pontorson, Ducey, un peu du Sud du canton de St-Hilaire, mais beaucoup d’Antrain, du Coglais, de Louvigné tous secteurs qui vivent beaucoup et travaillent sur St James. Les deux tiers des adhérents restent assez assidus et passent la barre des deux ans de présence, régulièrement pour un tiers nous perdons pas mal de monde car la remise en forme demande de l’assiduité de présence à la salle et une habitude d’utilisation du matériel, période d’accoutumance qui peut un peu rebuter si on n’est guère patient. Mais cette “évaporation” d’adhérents est systématiquement compensée chaque année par autant sinon plus d’arrivants.
Craignez vous une baisse d’intensité de la mouvance “remise en forme” ?
Par la force des choses, les pôles d’intérêt de la population changent. Maintenant nous avons 10 ans de recul, et les investissements lourds sont passés, tout comme sans doute les grands caps sensibles comme le déménagement ou le lancement de la course à pied. Le grand chantier actuel c’est les jeunes en course à pied, avec déjà une douzaine de jeunes qui se retrouvent le vendredi soir. Mais la grande satisfaction de GDM c’est la responsabilisation des encadrants. Ils sont une trentaine, jamais une anicroche, la porte fermée, des dégâts. Au départ à 5-6, on se connaissait tous, ça allait de soi, à une trentaine c’était pas évident. ça montre qu’on peut faire confiance aux gens, et ça c’est une vraie victoire !